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Emmanuel Macron et le roi du Maroc, Mohammed VI, vont sceller leur réconciliation ce lundi 28 octobre à Rabat. 

Le chef de l’État français arrive accompagné de neuf ministres, dont ceux de l’Économie et de l’Intérieur, l’investissement financier et l’immigration constituant deux des intérêts français principaux vis-à-vis du Maroc.

Cette visite vise à mettre un terme à trois ans de conflit entre les deux pays. Au nombre de leurs contentieux, le scandale provoqué par l’affaire Pegasus, polémique durant laquelle les renseignements marocains ont été accusés d’avoir mis Emmanuel Macron sur écoute. Le temps des brouilles semble révolu… mais pourquoi la France souhaite-t-elle ce rapprochement ?

Parce que le Sahara occidental est un enjeu économique majeur

Premier enjeu au cœur de la visite du chef de l’État, l’intérêt économique de la France au Maroc. En la matière, le Sahara occidental constitue l’une des zones d’investissement les plus convoitées par Paris sur le plan de la pêche, du solaire et de l’éolien. Or depuis un demi-siècle, le Maroc se voit disputer cette ancienne colonie espagnole par les indépendantistes sahraouis, eux-mêmes soutenus par l’Algérie.

La France, qui oscillait sur ce dossier entre Rabat et Alger depuis quinze ans, a tranché en juillet dernier, exprimant son plein soutien à la « souveraineté marocaine ».

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Une annonce qui fut précédée d’investissements économiques : dès avril, la filiale de l’Agence française de développement, Proparco, a financé une ligne à haute tension entre Dakhla (sur la côte du Sahara occidental) et Casablanca. À présent, le groupe Engie, en visite avec la délégation française au Maroc, s’apprête à sceller un accord de plusieurs milliards d’euros sur les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et le dessalement selon le Figaro. Investissement qui représente toutefois un coût diplomatique pour la France, l’Algérie ayant rappelé son ambassadeur à Paris le 30 juillet dernier après la prise de position de Paris sur le Sahara occidental.

Parce que Paris lorgne sur le secteur ferroviaire du Maroc…

Sur le plan économique, la reprise des relations diplomatiques entre Paris et Rabat renforce également l’assise de la France sur le marché ferroviaire. À ce titre, Paris compte bien se voir confier le contrat relatif à l’extension de la ligne de train à grande vitesse entre Tanger et Agadir, inaugurée en 2018 par Mohammed VI et Emmanuel Macron.

… et sur ses besoins en équipements militaires

Enfin, la France brigue le secteur de l’armement marocain. Le groupe Airbus, membre de la délégation française aux côtés du ministre des Armées, pourrait conclure la vente de 12 à 18 Caracal aux Forces armées marocaines. Le géant français de la construction navale de défense, Naval Group, aurait en outre pour projet de vendre des sous-marins et des hélicoptères de transport au Maroc, selon une source du média d’investigation marocain Le Desk.

Parce que la France vient rouvrir le dialogue sur l’immigration

Deuxième enjeu au cœur des relations entre la France et le Maroc après l’économie, le rapatriement des ressortissants marocains en situation irrégulière sur le territoire français. Résolu à « améliorer la réponse aux demandes de laissez-passer [consulaires] », condition nécessaire à la procédure de rapatriement, le nouveau ministre de l’Intérieur doit rencontrer dans les prochains jours son homologue marocain, Abdelouafi Laftit. Entre 2021 et 2022, la question de l’immigration avait provoqué une crise diplomatique franco-marocaine, Paris ayant diminué par deux le nombre de visas accordés à Rabat pour contraindre le Maroc à rapatrier ses ressortissants en situation irrégulière.

Parce que la France veut lutter contre le trafic de drogue

Outre l’immigration, le trafic de stupéfiants constitue le troisième et dernier enjeu des relations franco marocaine. La marchandise importée en France proviendrait en effet « pour partie […] du Maroc », selon l’historien et spécialiste du Maghreb, Pierre Vermeren, interrogé par Europe 1.

la dépêche

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